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Salon du bien-être et Foire aux célibataires

Le Salon du bien-être se poursuit aujourd'hui et demain au Parc des expositions de Marsac-sur-l'Isle. La vingtaine d'exposants propose aussi bien de la réflexologie plantaire que du relooking, des huiles essentielles ou du yoga. En parallèle, aujourd'hui, les célibataires inscrits sont invités à se retrouver au Parc des expositions pour tenter de trouver l'âme sœur. Entrée libre. Renseignements au 06 08 28 09 27. photo jean-christophe sounalet

 

 

LES CELIBATAIRES TIENNENT SALON A PARIS. DEPUIS CINQ ANS, LES "MONOMENAGES CELIBATTANTS" OUVRENT LA PORTE SUR UNE NOUVELLE...

Samedi 4 avril 1992

SOCIÉTÉ

LES CÉLIBATAIRES

TIENNENT SALON À PARIS

Depuis cinq ans, les «monoménages célibattants» ouvrent la porte sur une nouvelle manière de vivre

Un Salon des Célibataires, à quoi ça sert? Agence matrimoniale sur vaste échelle? Club de rencontres? Opération-promotion pour lits à une place, petits plats individuels ou voyages en joyeuse compagnie?

C'est à Paris qu'il a lieu depuis cinq ans. Sa marraine-fée, Odile Lamourère, en connaît un bout sur la question. Célibataire depuis près de douze ans, après un divorce et vingt ans de vie conjugale, elle est l'auteur d'une étude sur les «monoménages» et anime des ateliers pour une meilleure compréhension entre hommes et femmes. Et refuse tout net le statut de marginal qu'on colle aux célibataires. Vous n'êtes pas seuls à vivre seuls, affirme-t-elle. Pour le prouver, elle lance en 1986 son premier Salon des Célibataires. Fenêtre ouverte sur une autre manière de vivre. Pour l'édition 1991, il étaient dix mille au rendez-vous d'un week-end mené tambour battant. La version 1992 des 11 et 12 avril prochains se veut encore plus dynamique. Au menu: ambiance et convivialité, sérieux et humour. Bannie l'image un peu rance des solitaires rasant les murs, du vieux garçon maniaque, de la vieille fille revêche. Aujourd'hui, les médias, la pub leur en retaille une sur mesure: le célibattant! Beau/belle, intelligent/e et seul/e. Comme si c'était toujours un choix. Mais entre les deux, où situent-ils eux-mêmes leur vérité?

En France, ils sont sept millions de monoménages ou monoparents. En Belgique, quatre millions. Presque un Belge sur deux. Si le célibat n'est plus une maladie honteuse, il reste cependant un état hors-norme. Qui fait plus pitié qu'envie. On ne naît pas célibataire, on le devient... par un concours de circonstances plus ou

moins douloureux. Moins de 40 % ont choisi de l'être et de le rester. Les autres se veulent provisoires,

cherchant à sortir de cet état ou à trouver des accommodements. Ce qui explique l'espoir qu'on place dans les agences matrimoniales, les clubs de rencontres qui organisent tous les loisirs, de la soirée dansante à la promenade champêtre, de la partie de golf au week-end de détente, ainsi que dans les petites annonces. Véritable réservoir des candidats à la vie à deux.

LE MARCHÉ DE L'OCCASION

EST DIFFICILE

Il n'y a pas si longtemps - c'était à mi-parcours des eighties -, les célibataires se comptaient à la pelle. Heureux et fiers de l'être, jaloux de leur liberté, d'une vie sans contraintes. Une mode, un engouement passager qui se sont vu minés par la lente remontée du mariage. Le «célibonheur» a du plomb dans l'aile.

C'est après trente ans que le nombre des mariages grimpe. Avant, pas question de la bague au doigt. On fait des études plus longues, filles et garçons. Si on rencontre quelqu'un, qu'on l'aime, on vit ensemble. On se teste. Des couples se défont, d'autres se refont. On vit en concubinage plus ou moins longtemps, on a même un ou deux enfants parfois. Et puis on se marie - c'est presque un non-événement - pour régulariser ou pour se sécuriser. Même les catholiques s'y mettent. Les choix de vie sont multiples. Là où ça se complique un peu, c'est pour la deuxième union. La multiplication des divorces - vingt mille pour soixante-quatre mille mariages annuels - réalimente constamment les candidats au mariage. Mais le «Marché de l'occasion» est difficile. Plus pour les femmes que pour les hommes. Ils se choisissent des filles jeunes, sans enfants, sans passé conjugal, que leur maturité (et stabilité profes

sionnelle) séduit. Pour équilibrer, elles devraient élire des compagnons plus jeunes qu'elles. Mais ça se fait en catimini plutôt qu'au grand jour. Les mentalités évoluent lentement, malgré les exemples réussis d'une Régine Deforges, d'une Charlotte Rampling, d'une Raquel Welsh ou d'une Elizabeth Taylor, épouses comblées d'un jeunot.

Un fait est sûr. La majorité des hommes et des femmes célibataires désirent se marier. Ils attendent, ils rêvent à la princesse ou au prince charmant. Vision romantique - et quasi inaccessible - de l'amour. Même si à cinquante-cinq ans, un célibataire (triomphant) du type de Warren Beatty a fini par dire «oui» à une jeunesse de trente-trois ans, l'actrice Annette Bening. Un engagement qu'il se dit enfin prêt à respecter, lassé d'une vie de papillonnage... qu'on accepte davantage côté masculin que féminin. Le célibataire a souvent meilleure réputation que son alter ego femme. Le séducteur charme, là où la séductrice est montrée du doigt.

UNE BOUCHE À NOURRIR,

C'EST BYZANCE

Si les célibataires rêvent au duo réussi, quitte à fuir après six mois de vie de couple pour un tube de dentifrice mal rebouché, ils vivent plus ou moins bien leur solitude. Avec un moral en dents de scie. La pub les chouchoute, parce qu'ils sont gros consommateurs. Ils achètent plus de fringues, vont souvent au restaurant, au cinéma, lisent davantage et investissent soit dans la hi-fi soit dans un hobby ou dans une collection - comme ce collectionneur d'horloges dont les tic-tac faisaient fuir chaque compagne!

Mais, tous comptes faits, la solitude, c'est un luxe. Et une seule bouche à nourrir, Byzance. À part les producteurs de surgelés qui investissent dans les mini-portions, les super-marchés privilégient les familles nombreuses. Le célibataire est seul à payer un loyer, à régler les factures du quotidien. En vacances, la chambre single dans un hôtel lui vaut un supplément. Plus onéreuse qu'une chambre à deux, c'est la loi du tourisme et des loisirs qui, en tout, voient double. Même au Club Med qui fait, pourtant, 40 % de son chiffre d'affaires avec les isolés. Aucune réduction ni tarification spéciale pour les abonnements, clubs, etc. Comme si la solitude - choisie ou non - était à payer au prix fort.

En outre, les propriétaires ne voient pas toujours d'un bon oeil un locataire unique. Au boulot, on préfère les hommes mariés aux célibataires. Plus stables, plus équilibrés, mieux organisés, pense-t-on. Sur les autres règne la suspicion. Cavaleurs, peu sérieux, pas fiables! Seul avantage: les heures sup. Eux qui n'ont pas de vie de famille (sous-entendu pas de vie privée), sont corvéables à merci. Mais si les entreprises préfèrent les hommes cadres mariés, ils recrutent des femmes cadres célibataires. Plus performantes, plus mobiles. Ainsi, à quarante ans, la majorité des célibataires au féminin ont des postes à responsabilité, exercent des professions libérales ou artistiques. Côté masculin, au même âge, ils sont ouvriers ou agriculteurs. Jusqu'à cet âge, elles ont refusé le mariage - métier d'abord -, mais elles pensent doucement enfants. Où trouver alors un compagnon? En usine, aux champs ou aux portes des universités? Vous avez dit «célibattant»?

RENSEIGNEMENTS

PRATIQUES

Le Salon des Célibataires a lieu à Paris, Centre Chaillot-Galliera, 28 avenue George V, 75008, les 11 et 12 avril 1992. Thème 1992: Se parler, se connaître, se distraire et faire des projets ensemble. Au programme: des exposés, des débats, des paroles d'hommes et de femmes, mais aussi des jeux de masques, animation autour de la séduction, parcours du célibattant (!), (avec corbeilles «coeurs à prendre»), des chansons, du théâtre, soirée dansante et folle nuit des célibataires. Entrée journée: 50 FF (+- 350 FB).

Et en Belgique? Ici, on est plutôt sceptique sur la réussite d'un tel Salon. Les célibataires vivent leur célibat et des problèmes parfois difficiles dans la discrétion. Tout le contraire du tapage et du regard des foules. S'y mêlent aussi un côté commercial inévitable, un aspect ludique qui peuvent être mal vécus par les solitaires.

JOSIANE VANDY